• L'épreuve des frontières - la splendeur de Boukhara

     

     

    Nous quittons le Tadjikistan le 28 juillet apres 5 semaines de vadrouille paysano-montagnarde et quelques jours de démarches administratives pour l' obtention des visas  turkmènes et iraniens. Direction l'Iran, en passant par l' Ouzbekistan et le Turkménistan. L'entrée en territoire ouzbek nous surprend : rapide visite médicale, déclaration des biens en possession, inspection des bagages, antipathie des agents...

      

    En route vers l Iran : steppes, desert et splendeur de Boukhara

    Optimisation de la lada pour le transport de coton, à Boukhara

     

    Nous mettons 2h00 pour franchir la frontière. Nos visas tamponnés, nous prenons un taxi collectif qui nous mène a Boukhara, ville oasis, ancienne cité de la route de la Soie. En chemin, un poste de contrôle policier nous impose un arrêt des plus désagréables. Apparemment peu de voitures y échappent au vu de l'activité du site et du nombre de personnes qui attendent. Il faut vider la voiture. Inspection totale : chiens et même vérification du réservoir à essence. Pendant ce temps, des agents des plus détestables fouillent vos bagages et suivant leur humeur ou l'estimation de votre délit de faciès peuvent vous faire vider la totalite de vos sacs, étalant vos affaires personnelles aux yeux de tous. On vous questionne sur vos origines, votre raison d'être en Ouzbekistan et certains vous aboient dans l'oreille si vous ne comprenez pas. Le tout bien sûr, en plein caniard. L'Ouzbekistan est reputé pour être un état policier : pas de doutes!

      

    De nouveau en voiture, nous nous détendons à l'approche de Boukhara : nous apercevons des chameaux parcourant le paysage semi désertique de la steppe ouzbek.

    En route vers l Iran : steppes, desert et splendeur de BoukharaKhanaka (siège des soufis) de Nadir Divanbeghi.

     

    Nous arrivons à Boukhara en fin de journée. Nous y resterons un peu plus de deux jours, logés dans la guesthouse de Mobinjon, un boukhariote excentrique qui restaure progressivement sa maison du 17 ème siècle (un vrai musée). La ville est superbe : monuments dignes des contes des mille et une nuits (palais, mosquées, medersas...), médina paisible, habitants accueillants... Boukhara sera notre seule étape dans les cités asiatiques de la route de la soie.


    Ambiance grouillante au marché aux bijoux de Boukhara, uniquement tenu par des femmes.

    En route vers l Iran : steppes, desert et splendeur de Boukhara 

    Au pied du Minaret Kalon, construit en 1127 et d'une hauteur de 48 mètres!


    En route vers l Iran : steppes, desert et splendeur de BoukharaA droite, le minaret Kalon, épargné par Gengis Khan. A gauche, la medersa Mir-i-Arab (construite en 1535).

      

    Nous continuons notre route vers l'Ouest. Il nous faut maintenant traverser le Turkmenistan avant notre arrivée en Iran. Le Turkmenistan est étonnant : un immense désert irrigué depuis l'époque soviétique pour la production du coton (en partie responsable de l'assèchement de la mer d'Aral), des villes qui paraissent relativement riches, aux bâtiments publics flambants neufs, à l' architecture résolument moderne, le portait du président partout... Le Turkmenistan est une dictature, qui entretient le culte du president, maintenue dans un état relativement paisible grâce aux revenus pétroliers et du gaz.

    La sortie du pays nous réserve une petite surprise que je redoutais depuis le départ : l'agent à la frontière refuse de tamponner mon visa... Pendant 10 minutes, il répète la même question en faisant un signe négatif de la tête : c' est vous sur la photo? Je lui explique que cette photo a plus de 8 ans, que j'ai perdu beaucoup de cheveux et que mon visage s'est aminci notamment depuis le début du voyage... Mais il a decidé de m emm.... Je dois sortir les photos de famille pour réussir à le convaincre...

     

    Nous franchissons ensuite le no man's land qui constitue toute frontière turkmene : 1 ou 2 km de vide absolu surveillé du haut des miradors. Des bus transportent les voyageurs d'un bout à l'autre.

    Côté iranien, nous changeons radicalement d'ambiance. Perrine doit revêtir le hidjab en rigueur dans la République Islamique d'Iran.On lui indique le très léger decolleté ( si on peut appeler ça comme ça : 3cm au plus et au niveau du coup!) qu'il faut se dépêcher de cacher à l'aide d'une épingle.

    Dans le poste de frontière climatisé et flambant neuf, des télés diffusent des cérémonies et discours religieux. L'obention du tampon d'entrée sur le visa se fait sans encombre, l'accueil est agréable et fait écho à ce que nous avons entendu de l'Iran jusqu à maintenant. Ce réjouissement sera de courte durée. Nos premières heures en Iran sont déroutantes et contrariantes. Nous démarrons par un repas attendu, dans une petite gargotte de routiers en face du poste frontière. L'accueil est froid et le prix nous fait l'effet d'une douche glaciale : il nous faut débourser 10 dollars pour un plat de poulet et de riz!

    Nous refusons, nous ne nous comprenons pas (ou bien il ne veut pas nous comprendre!?). Lassés, nous finisons par payer. Entre temps, nous réalisons que la table de routiers derrière nous s'est tranquillement servi dans notre bouteille d'eau minérale. Nous partons la bouche sèche et les poches vides... La recherche d'un taxi n'est pas plus aisée : comme aux abords de toutes les frontières, nous sommes pris d'assaut par des chauffeurs sans scrupules qui s' entendent d'avance sur des prix exorbitants...Nous décidons de filer vers la ville la plus proche pour prendre un transport en commun.

      

    A la gare routière, nous trouvons un bus pour nous emmener à Machhad où nous souhaitons faire étape durant quelques jours. Pendant l'achat des billets, un homme me demande d'où je viens. Il me reépond par un geste obscène de la main, signifiant que chez nous le sexe est facile! Je suis sidéré : depuis le début du voyage, ce coup là est une première et nous sommes en Iran!

    Plus tard, je surprends une femme dissimulée derrière une porte de voiture en train de nous prendre en photo comme si nous étions des bêtes de cirque. Elle porte le tchador comme la majorité des femmes dans cette ville : la vision de cette tenue nous désole : ce noir profond est d'une tristesse effrayante. Cette tenue integrale donne une allure de fantômes aux femmes.

    L'ambiance est morne et tendue. Cerise sur le gateau, un père giffle violemment son fils au milieu du hall de la gare.

      

    Apres une longue attente sous des températures difficilement supportables, un bus arrive mais refuse de nous faire monter. Nous restons tous les deux, sacs sur le dos, consternés... incompréhension car il part pourtant vers notre destination et à l'heure pour laquelle nous avons pris nos billets. Personne n' est en mesure de nous expliquer : personne ne parle anglais!

    La série noire : il ya des moments comme ça... Un bus, nous embarque quelques minutes plus tard .

    Nous roulons vers Machhad, effaré par un tel début en Iran. Un mythe s' effondre. Où est le pays dont on nous a tant parlé? Son accueil légendaire, ses habitants si sympathiques?

     

    Les jours suivants, nous nous réconcilirons rapidement avec l'Iran...

    Fabien


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